
Cher Pierre A. ,
Je me suis invitée à la table que vous avez dressée chez « Madamedu » dans le très huppé 7ème arrondissement. J’ai rapidement avalé les 200 pages de votre dernier ouvrage, mais je ne m’en suis pas délectée. Intolérance alimentaire ? Non, plutôt une solide impression de déjà-lu. De pré-mâché aussi. Car vous ne lésinez pas sur les clichés ! Évidemment la principale activité de Madamedu se résume à organiser des dîners mondains ; évidemment elle préfère appeler sa bonne Sonia plutôt que Oumelkheir, bien trop connoté ; évidemment ses invités sont à son image, bourrés de préjugés et de codes de soi-disant bonne conduite. Certes son Excellence l’Ambassadeur est cocaïnomane, mais n’est-ce pas après tout la tare communément prêtée aux riches ? Bref, chacun est bien installé dans son rôle et n’en bougera pas. Tout au long du dîner, j’ai attendu le vrai coup de théâtre, j’ai guetté la vraie faille sous l’un des convives. Comme vous n’allez pas gratter sous l’épaisse couche de vernis qui les recouvre, je suis restée sur ma faim.
Dans l’espoir de vous croiser autour d’un dîner plus rassasiant,
Juliette C.