Exit le fantôme

TR : de Juliette C. à Philip R.

Cher Philip R.,
J’ai beau n’avoir que 23 ans, avoir toute la vie devant moi comme on dit, votre dernier roman m’a laissée dérangée, angoissée mais optimiste. Pourtant il y avait de quoi frissonner ! Car si votre doppelgänger fictif, Nathan Zuckerman, refuse de convoquer la mémoire et le fantôme de son ami Lonoff, décédé voilà des décennies, un spectre plane bien sur l’ensemble du récit. Pas celui de la réélection de Georges W. Bush en 2004 mais celui de la décrépitude physique, mentale, créative qui frappe votre héros derrière lequel on ne peut s’empêcher de vous chercher, vous l’écrivain qui pourrait être lui. Quant son propre fantôme frappe à la porte, impossible de lui dire « exit ». Alors, pour repousser le moment fatidique où il faudra lui ouvrir, Nathan Zuckerman, 76 ans, s’en remet à ses restes de désir et, surtout, à son imagination de romancier. Si l’écrivain se fait chasseur de fantômes, il nous reste à nous, lecteurs, une once d’espoir. Merci de l’avoir prouvé ici,
Cordialement,
Juliette Charbonneaux