Cher Bernard G.,
Je voulais un livre d'amour car je suis joyeusement amoureuse en ce moment. Je voulais un récit de voyage car le soleil de juin me donne envie de quitter ma chambre. Je rêvais la proximité d'un comédien car cela fait trop longtemps que je suis allée au théâtre. Monsieur G., vous êtes tombé à pic ! Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Car il faut être patiente pour vous lire et je suis plutôt excitée en ce moment. Alors j'ai pris mon temps, dans ma chambre, sous le soleil, et j’ai savouré.
De vos aventures odysséennes aux planches parisiennes un soir de lever de rideau, vous passez sans rupture, comme la vague fait doucement rouler le bateau. De la découverte des autres et de la beauté réelle du monde, vous glissez vers vous, votre fierté, votre exigence et la beauté sacrée de l’espace scénique. Votre écriture est pleine. Elle est lyrique, dramatique, sensuelle, sonore. Elle a de la gueule. Alors monsieur G., si jamais il vous vient l'envie d'écrire une autre lettre, de répondre à celle ci peut-être, je serais avec plaisir l'ombre de Madame T. Car après tout, en cette Pénélope parisienne à qui vous adressez vos missives, ce sont bien toutes les lectrices qui vivent, femmes immobiles et patientes qui parcourent votre livre en silence, écoutent vos états d’âmes sans vous interrompre, et vous accompagnent par la lecture dans votre voyage.
Vinciane H.